Devenir Ingénieur systèmes embarqués

1) Bonjour Sylvain. Peux-tu commencer par te présenter succinctement à nos lecteurs ?
J’ai 28 ans et ça fait maintenant presque 6 ans que je travaille en tant qu’ingénieur systèmes embarqués, dans une startup. J’ai suivi un cursus assez classique : bac S, classes préparatoires scientifiques (2 ans), école d’ingénieur (3 ans), puis mon poste actuel.

2) Comment, à la sortie de ton école d’ingénieur, as-tu choisi ton premier métier ?
J’ai fait la chose la plus simple, chercher parmi les anciens élèves de mon école ceux qui faisaient un métier intéressant, et j’ai rejoint la startup dans laquelle travaillait l’un d’eux.

3) Pourquoi avoir choisis de travailler dans une startup plutôt que dans un grand groupe ?
Les très petites entreprises autorisent une hiérarchie plus horizontale et des postes un peu moins cloisonnés que dans les grand groupes. On y a une meilleure vision d’ensemble de ce que fait l’entreprise, et notre avis y est plus facilement entendu. Personnellement, je trouve ça très enrichissant en tant que première expérience, car ça permet de faire des choses très diversifiées et d’apprendre beaucoup.
On peut cependant reprocher aux petites entreprises un certain manque de professionnalisme, un côté assez « amateur ». Il faudra bien souvent savoir apprendre par soi-même, car il n’y a personne dans l’entreprise pour vous former sur des sujets pointus.
Personnellement, la startup me convient très bien pour ces raisons. Mais d’autres préfèreront probablement les grands groupes. Il est d’ailleurs toujours permis d’essayer les deux.

4) En quoi consiste ton métier ? Peux-tu décrire ton quotidien ?
Mon métier s’appelle « ingénieur systèmes embarqués ». Ce qu’on appelle « système embarqué », c’est un mini-ordinateur spécialisé. On utilise un microcontrôleur (un ordinateur de la taille d’une puce électronique et très peu puissant) et on le relie à différents dispositifs électroniques et mécaniques afin d’accomplir une tâche bien précise. On retrouve ce genre de dispositifs dans de nombreux objets du quotidien (voitures, machines à café, avions, …).
Mon rôle est de concevoir ces dispositifs. Je participe à la définition du cahier des charges, puis je conçois l’électronique. J’assemble quelques prototype, et enfin je programme le microcontrôleur. Mon métier est un peu le mélange de « ingénieur électronique » et « développeur informatique ».
Etant dans une startup, il m’arrive aussi de participer à la conception mécanique des produits et même d’aller à la rencontre de nos clients, cette diversité d’activités est très enrichissante.

5) As-tu une spécialité ? Comment l’as-tu choisie ?
Comme dit au-dessus, j’exerce une multitude de métiers différents, difficile de parler de spécialité. Mais j’ai choisi cette non-spécialité, ça permet de ne jamais s’ennuyer.

6) Quelle formation conseillerais-tu pour exercer ton métier ?
La formation d’ingénieur est probablement celle qu’il faut recommander. Mais attention, on n’apprend pas en école d’ingénieur à exercer un métier en particulier. Il faudra donc se former en parallèle aux sujets qui vous intéressent, afin de pouvoir exercer les métiers associés. L’école d’ingénieur vous donnera simplement des connaissances générales, un réseau d’anciens élèves, et permettra de prétendre à un salaire un peu plus élevé en tant que junior.
Il est tout à fait possible de suivre une tout autre formation (Master, BTS, …). Ou même de se former dans un milieu associatif. L’essentiel sera de savoir faire valoir ses compétences auprès des employeurs.

7) Que préfères-tu dans ton métier et à l’inverse, qu’est-ce que tu aimes le moins ?
J’apprécie particulièrement le fait de pouvoir participer à chaque étape de la création d’un produit, c’est très motivant.
Le métier est aussi constitué de tâches ingrates malheureusement, assembler 10 exemplaires d’une même carte par exemple, ça c’est pénible.

8) Quelles qualités sont requises pour exercer ton métier ?
C’est un métier qui demande beaucoup de rigueur. Un « bug » dans l’électronique peut vite couter cher. Il est aussi préférable d’être un peu doué de ses mains, on est souvent amené à fabriquer des prototypes ou a les réparer (et c’est généralement des choses petites et fragiles).

9) Quels conseils donnerais-tu pour exercer ton métier ?
Pas besoin de diplôme pour commencer à jouer avec les systèmes embarqués. Je recommande d’expérimenter avec ce genre de dispositifs autant que possible pour se former et aussi savoir si on aime ça. La plateforme Arduino peut être un très bon point de départ, fabriquez des choses avec, ce sera une très bonne première expérience.

10) A quel salaire peut prétendre un jeune ?
A titre personnel, j’ai commencé à 42k€ bruts annuels en 2017.

11) Comment te vois-tu dans 5 ans puis 10 ans ?
Terrible question existentielle ! Mais probablement toujours en train de concevoir et de fabriquer des dispositifs mélangeant mécanique, électroniques et programmation informatique.

12) Est-ce un métier qui va recruter dans les prochaines années ?
Oui, très certainement.

13) Merci pour tes réponses. Je te laisse le mot de la fin si tu souhaites partager une anecdote, appuyer sur un message …
J’ai appris mon métier principalement en participant à la Coupe de France de Robotique organisée chaque année par Planète Sciences. Ce genre de projet est la meilleure manière de découvrir ce qu’on aime et d’apprendre à le faire.