Devenir Consultant en recrutement
Par Maxime-
Publié le : 02/05/2014
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Lecture 6 min
" La partie commerciale du métier n’est pas à négliger "
1) Bonjour Maxime. Pourriez-vous vous présenter (années d’expériences, formation) ?
Bonjour. En quelques mots, mon parcours est, pour l’instant, assez succinct : après l’obtention de mon baccalauréat ES, je me suis orienté vers une classe préparatoire aux grandes écoles de commerce. A l’issue des deux années de « classe prépa », j’ai intégré une école de commerce localisée à Marseille, de laquelle je suis très récemment diplômé. Lors de ma formation, j’ai pu enchaîner un certain nombre de stages orientés vers la fonction de recruteur, aussi bien en entreprise (services RH) qu’en cabinet de conseil. Désormais, je travaille en tant que consultant en recrutement, depuis un peu moins d’un an.
2) En quoi consiste le métier de Consultant en Recrutement ?
Il existe une très large opacité sur ce métier, et il faut bien reconnaître qu’il est difficile pour une personne extérieure de visualiser le quotidien d’un consultant en recrutement. Il s’agit de mettre en adéquation les talents des candidats qui sont en recherche d’emplois (soit parce qu’ils sont disponibles, soit parce qu’ils ont envie de changer de poste) et les besoins de recrutement des entreprises qui nous sollicitent. Le métier de consultant conjugue des problématiques purement RH et des responsabilités commerciales.
Le consultant occupe une position intermédiaire entre les candidats et les entreprises, travaille selon les méthodes propres au cabinet auquel il appartient et selon les cahiers des charges transmis par ses clients.
Il apporte une valeur ajoutée à ses interlocuteurs : en accompagnant les candidats dans leurs recherches, en leur apportant des conseils afin de valoriser leurs points forts, mais également en conseillant les entreprises en fonction de l’état du « marché » des candidats disponibles.
La partie commerciale n’est pas à négliger : c’est le consultant qui doit négocier les tarifs de sa prestation, en fonction de plusieurs critères, et c’est également lui qui doit prospecter le tissu économique afin d’identifier des clients potentiels. En parallèle, son rôle est de rencontrer un maximum de candidats, afin d’affiner son expertise et d’être en mesure de répondre rapidement aux besoins des entreprises.
3) Quelle différence y a-t-il entre travailler dans un cabinet de recrutement et en entreprise sur une fonction RH ?
Il y a bien entendu beaucoup de similarités, mais à mon sens les deux métiers sont surtout très complémentaires. Il est difficile de répondre à cette question, car les entreprises disposent d’organisations RH qui leur sont propres, ce qui a pour conséquence des répartitions de rôles très variables entre les effectifs. Par mon expérience, je note qu’un poste en service RH a vocation à être plus diversifié : vous pouvez intervenir sur le recrutement, mais également sur la formation, sur la gestion des expatriés, sur la communication interne…
En revanche, en cabinet, il est nécessaire que vous soyez spécialisé sur un métier précis : vos clients, bien souvent les services RH d’ailleurs, vont vous solliciter pour votre expertise. Cela étant, travailler en cabinet apporte aussi une autre forme de diversité : contrairement à un poste en service RH, vous êtes amenés à échanger avec des interlocuteurs de plusieurs entreprises différentes, de plusieurs secteurs d’activités… De plus, l’aspect commercial, très prononcé en cabinet, est quasiment inexistant en service RH.
4) Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce métier ?
En entamant ma formation en école de commerce, je dois bien reconnaitre que je n’avais pas vraiment d’idée sur le métier que je souhaitais exercer par la suite. Cela étant, les métiers du recrutement ont assez rapidement attiré mon attention, car ils me semblaient correspondre à des compétences que je souhaitais développer : qualités d’analyse, sens de l’écoute, curiosité…
L’aspect humain, également, me semblait très intéressant à approfondir. Travailler dans le recrutement suppose d’intervenir sur des sujets assez sensibles : la carrière professionnelle des candidats, les besoins d’évolution des entreprises… Il y a, dès lors, beaucoup de non-dits et de sous-entendus dans le discours des différentes personnes, et toute la subtilité consiste à les identifier pour comprendre les vraies motivations des uns et des autres.
L’objectif final, qui est celui de permettre aux candidats d’exploiter leurs compétences dans des postes qui les satisferont entièrement, me semblait également être une bonne raison de me lever le matin.
5) Quelles sont les qualités requises pour être Consultant RH ?
A mon sens, savoir écouter est la qualité principale pour exercer ce métier. Cela est bien plus difficile qu’il n’en parait de prime abord : à force de rencontrer des candidats et des entreprises, des réflexes intellectuels se mettent nécessairement en place, et il est très simple d’interpréter ce que les gens vous disent en fonction de ce que vous avez déjà vécu ou en fonction de ce que d’autres personnes ont pu vous présenter. Or, chaque individu a un parcours qui lui est propre, et chaque entreprise dispose de problématiques spécifiques en fonction de son positionnement et de sa stratégie. Dès lors, il faut savoir se remettre en question constamment, et surtout bien creuser les motivations et les attentes de chacun afin d’aller au-delà de ce que le discours peut laisser entendre de prime abord.
L’entretien est un exercice aussi bien pour le recruteur que le candidat. Le rôle du recruteur n’est pas de juger la personne qu’il a en face de lui, mais de l’évaluer par rapport à des critères précis et, surtout, dans un contexte donné. Disposer de bonnes compétences analytiques, et surtout aimer approfondir, creuser, afin d’aller au bout des choses, me semble être des pré-requis essentiels pour s’épanouir sur le métier de consultant en recrutement.
6) Quelle formation est conseillée pour accéder à ce poste ?
Mon expérience m’a démontré que les cursus pour accéder à ce métier sont très variés, et que la motivation et l’implication apparentes sont plus importantes que le parcours éducatif. Cela étant, certaines formations sont davantage représentées que d’autres, notamment les spécialisations commerciales et RH. Il est nécessaire d’avoir une certaine sensibilité pour les problématiques de business development, ainsi que pour les questions RH. Certains cabinets vont également recruter des consultants issus des métiers pour lesquels ils vont être amenés à recruter : juridique, finance, marketing… Ces pratiques se démocratisent de plus en plus et, avec l’élargissement des spécialisations proposées dans les grandes écoles, ont vocation, à mon sens, à devenir la norme.
7) Quelles sont les perspectives d’évolution possible ?
La plupart des cabinets de conseil fonctionnent sur un principe méritocratique, et les cabinets de recrutement n’échappent pas à la règle : une fois vos preuves faites en qualité de consultant junior, vous devenez consultant senior, puis manager, directeur, etc… L’objectif étant à terme de développer des divisions et d’étendre les responsabilités de vos effectifs. Les perspectives d’évolutions ne sont pas seulement internes, on rencontre également de nombreux consultant qui se sont soit recentrés vers des métiers purement RH (type responsable recrutement d’une entreprise), soit vers du développement commercial pur. Egalement, la connaissance du fonctionnement d’un cabinet peut permettre d’accéder, par la suite, à du conseil sous une autre forme.
8) Quelle rémunération peut-on attendre en étant Consultant en recrutement ?
Pour en avoir quelque peu discuté, je me rends compte que les pratiques diffèrent énormément d’un cabinet à l’autre sur cette question. Cependant, il faut savoir que la rémunération fixe qui vous sera proposée ne sera que très rarement supérieure à 30k€ bruts, ce qui peut sembler très relatif pour les candidats issus de formations supérieures. Cela étant, tout comme pour les perspectives d’évolution, le système de rémunération en cabinet de recrutement est méritocratique : il est très fréquent que les cabinets proposent une part de rémunération variable, indexée sur les performances du consultant. Concernant cette part variable, les pratiques sont sans doute aussi nombreuses que les cabinets existants : mensuelle, trimestrielle, stable, exponentielle… Ces parts variables sont en général assez significatives si vous parvenez à faire vos preuves. Il faut également savoir que les perspectives d’évolution dont nous avons parlé précédemment sont assez rapides, et que les rémunérations sont bien sûr revalorisés en cas de promotion interne.
9) Quels conseils donneriez-vous pour réussir sa candidature ?
Je ne pense pas surprendre beaucoup de monde en affirmant que les métiers liés au conseil sont bien souvent très exigeant, qu’ils demandent beaucoup d’implication et que cette implication, face aux premiers résultats qui tardent souvent à arriver, peut être assez frustrante. Pour bien réussir sa candidature, et pour bien réussir ses premiers pas dans le monde du conseil, il est indispensable, dans un premier temps, d’être intimement convaincu de la valeur que vous apportez à votre poste et du plaisir que vous y prenez : il faut également savoir se projeter, prendre de la hauteur, et bien comprendre les perspectives de développement du cabinet afin de bien se positionner. C’est un métier qui peut être fatigant, frustrant, mais également porteur d’adrénaline et qui valorise, à long terme, l’implication.
10) Un candidat peut-il espérer de meilleures opportunités d’emploi en passant par un cabinet de recrutement ?
Bien sûr, et ce n’est d’ailleurs pas le seul bienfait que les candidats peuvent retirer d’un passage en cabinet de recrutement ! Il faut bien garder en tête que les clients des cabinets de recrutement sont des entreprises qui recherchent des compétences et des qualités précises, et que la satisfaction de son client est l’objectif premier du cabinet. Pour satisfaire son client, le cabinet va présenter une sélection de candidats disposant des compétences attendues, et qui seront en mesure de s’épanouir sur le poste. Les candidats sont bien entendu également gagnants sur ce modèle. Il est également nécessaire de profiter de son passage en cabinet pour demander au consultant des conseils sur le CV, la présentation, les points forts à valoriser… Il va de l’intérêt du cabinet que les candidats soient en mesure d’exploiter tout leur potentiel lors de leurs entretiens finaux avec l’entreprise, alors aux candidats d’en profiter !
11) Merci de vos réponses. Je vous laisse le mot de la fin.
Merci à vous pour toutes ces questions, j’espère que cet entretien aura pu éclaircir les lecteurs sur le contenu du poste d’un consultant en recrutement. Bon courage à tous dans vos recherches d’emplois !
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