Delphine Benouaich, combattante de MMA
Par Delphine Benouaich-
Publié le : 10/02/2024
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Lecture 4 min
" Certains sports comme le football américain sont, je pense, beaucoup plus violents que le MMA. "
1) Bonjour Delphine. Est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots ?
Bonjour, je m’appelle Delphine Benouaich, j’ai 28 ans et je suis combattante de MMA en plus d’être professeur d’EPS.
Je viens de passer professionnelle et je vais donc bientôt disputer mon premier combat pro.
2) Qu’est-ce qui te pousse à vouloir devenir combattante professionnelle de MMA ? Pourquoi ce sport spécifiquement et pas un autre ?
J’ai toujours aimé les sports de combat mais ce n’est qu’après mes 18 ans que j’ai commencé à en faire. Un jour, une copine m’a proposé d’aller à un cours d’essai, initialement de JJB (ndlr : Jiu Jitsu Brésilien) mais qui s’est avéré finalement être un cours de … Muay. J’en ai fait pendant 1 an mais sans vraiment accrocher. J’ai donc arrêté les sports de combat pendant 2 ans puis un jour, un peu par hasard, on m’a proposé de faire du grappling dans un autre club. Et là, j’ai vraiment bien aimé l’ambiance, les coachs, les cours etc. J’ai commencé à faire des compétitions, tout se passait bien puis j’ai été mutée dans le 91. Pour continuer le sport, je suis allée à un club d’Evry où il n’y avait pas de grappling. Je suis donc allée en section MMA, j’ai fait une compétition qui s’est très bien passée et j’ai donc décidé, suite à ça, de me mettre sérieusement au MMA.
3) Conseillerais-tu, pour se mettre au MMA, de commencer par le grappling puis d’apprendre le stricking ou mieux vaut-il directement faire du MMA ?
Non, je pense qu’il vaut mieux commencer par le MMA directement puis compléter par d’autres séances plus axées sur le grappling, le stricking etc. pour se perfectionner.
4) On dit que le MMA est un sport violent, entre les coups que l’on prend, les potentiels KO/TKO, les risques de blessures graves et, plus singulièrement, les cuttings à effectuer en pro avant les combats. Qu’en pensez-vous ?
Violent, je ne pense pas que ce soit le bon terme car il ne l’est pas plus que d’autres sports. Je dirais plutôt que le MMA est un sport exigeant pour le corps. Cela dépend aussi du style de combat et des choix qu’on fait. Certains combattants par exemple ont un style très défensif donc ils minimisent les dégâts qu’ils se prennent.
Après, tous les sportifs de haut niveau sont sujets à des blessures de fatigue. Pour autant, certains sports comme le football américain sont, je pense, beaucoup plus violents que le MMA.
5) En tant que femme, est-il plus difficile de s’imposer dans cet univers jugé souvent comme très masculin ?
Il est plus facile à très haut niveau de s’imposer en tant que femme car les catégories sont moins chargées contrairement à celles des hommes, par exemple en – 70 kg.
Cela s’explique parce qu’il n’y a pas beaucoup de filles en MMA, peut-être parce qu’elles n’ont pas envie de s’entraîner qu’avec des garçons ou bien parce qu’elles ont été victimes de remarques misogynes. Pour ma part, je n’en ai jamais eues.
6) A partir de quel moment peut-on vivre exclusivement du MMA ? A quel salaire un jeune athlète peut-il s’attendre en début de carrière ?
En amateur, on n’est pas payé donc il faut attendre de passer professionnel pour espérer avoir une première paye. C’est très difficile de vivre ce sport, c’est réservé à très peu de monde et en général, seuls les grands champions y parviennent. Michael Lebout (ndlr : ex combattant de MMA à l’UFC) par exemple me disait que même quand il était à l’UFC, il devait encore travailler en parallèle car sa paye ne lui suffisait pas pour vivre.
D’autres combattants, en revanche, parviennent à être payés parce qu’ils sont très médiatisés. C’est le cas par exemple de Paul Dena, un combattant de MMA amateur.
En début de carrière, un combattant de MMA à l’UFC peut s’attendre à un cachet de 10 000 euros pour le combat puis 10 000 autres euros en cas de victoire. A cela il faut prélever les taxes, payer les coachs, le manager etc. sachant qu’on combat en général 2 à 3 fois par an maximum.
7) Pourrais-tu nous décrire le quotidien d’un combattant professionnel de MMA ?
Pour ma part, je m’entraîne 2 fois par jour, du lundi au vendredi, une fois le matin et une fois le soir. Le samedi, je ne m’entraîne qu’une seule fois et le dimanche, je me repose. Je fais 3 sessions de MMA par semaine puis 2 prépas physiques et 1 entraînement spécifique (stricking, grappling, etc.).
8) Peux-tu nous parler des sacrifices à faire en tant que combattante de MMA ?
Ce sont plus des choix ou des investissements que des sacrifices. En période de combats, je vois très peu de monde. J’ai un régime particulier, je ne mange pas ce que je voudrais manger, on me dit plutôt ce que je dois manger… Par ailleurs, comme je travaille entre mes 2 entraînements, je n’ai pas le temps de me reposer. Je ne peux pas non plus partir en vacances ou même aller au ski car il ne faudrait pas risquer des blessures inutiles.
Il y a donc plein de choses à gérer et j’espère que ce seront des investissements dont je verrai les bénéfices plus tard.
9) Quelles qualités faut-il pour devenir combattant de MMA ?
Il faut beaucoup d’adaptabilité, du sang-froid et une discipline de fer. Ca, ce sont les invariants.
La confiance en soi, ça peut se construire donc ce n’est pas forcément un pré-requis. Il faut en revanche être fort dans sa tête et être déterminé car il faudra résister à la tentation de sortir avec les amis, même si on rentrera tôt. Il ne faut pas se disperser ni se laisser distraire si on veut atteindre ses objectifs.
10) Au final, qu’est-ce qui distingue quelqu’un de très bon à la salle d’un champion de MMA ?
Je dirais que c’est la gestion du stress et la confiance dans son équipe. C’est facile d’écouter ses coachs quand on gagne. Dans la difficulté, ce n’est pas forcément évident donc il est primordial de bien s’entourer, d’avoir une forme de lâcher prise et de rentrer avec du courage dans la cage.
11) Quels conseils donneriez-vous à toutes celles et ceux qui n’osent pas se mettre MMA ?
Si c’est quelque chose qu’ils souhaitent faire, il faut juste… essayer J C’est un magnifique sport !
12) Merci pour ton interview. Je te laisse le mot de la fin.
N’hésitez pas à me suivre sur mes réseaux sociaux (instagram notamment) et à venir suivre mon premier combat professionnel au King Of Fighters (KOF) le 15 mars au Havre !
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