Katia, mathématicienne expatriée en France
Par Katia-
Publié le : 27/07/2018
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" Ma thèse consiste à appliquer les idées de mon directeur de thèse dans un logiciel développé par l’industriel "
1) Bonjour Katia. Pourriez-vous commencer par vous présenter ?
Je m’appelle Katia, je suis algérienne, j’ai 24 ans et j’habite en France depuis 2 ans et demi. Je suis venue pour finir mon M2 en Mathématiques à la suite de mes études que j’avais entamées en Algérie. C’était des études un peu particulières parce que j’étais inscrite à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris VI par correspondance (L1, L2, L3 et M1 en correspondance) et je venais à Paris uniquement pour passer les examens. Mais pour le M2, vu qu’il y avait beaucoup de projets de groupe et un stage de fin d’études à la fin du premier semestre en M2, il m’était impossible de continuer à étudier par correspondance. Et puis surtout, je voulais venir à Paris.
2) Pourquoi avoir choisi le métier de chercheuse en Mathématiques
Pour l’instant, je suis encore en thèse donc je suis juste une « mini chercheuse temporaire » jusqu’en 2019. Mon stage en M2 était très orienté vers la recherche scientifique même s’il y avait une partie appliquée en entreprise. J’ai donc pu tester un peu les deux parcours – recherche scientifique et recherche en entreprise. Comme grâce à mes encadrants, j’ai reçu une bonne initiation à la recherche et que j’ai bien aimé mon stage, j’ai tout de suite voulu poursuivre mes études en thèse. C’est justement mes encadrants qui m’ont aidée dans ma recherche de sujet. Maintenant, j’ai vraiment envie de continuer en tant que chercheuse après ma thèse parce que j’ai plus d’éléments de compréhension pour exercer ce métier-là et aussi parce que j’ai pleins de contacts dans ce domaine. Aussi, je trouve que c’est un métier merveilleux car on interagit beaucoup avec nos collègues, ce qui fait qu’on travaille dans une ambiance très saine et agréable. On interagit également beaucoup avec la jeunesse en tant qu’enseignant. En plus, comme les maths sont réputées pour être difficiles, je pense que je pourrais me rapprocher de mes étudiants pour leur faire comprendre que ce n’est peut-être pas aussi compliqué qu’on le dit. Je voulais aussi rajouter que les enseignants-chercheurs organisent pleins d’événements sympas et conviviaux, ce qui permet de rencontrer des chercheurs travaillant dans d’autres domaines. Enfin, on interagit également avec le grand public pour le sensibiliser.
3) Où avez-vous poursuivi vos études (quel type de bac, école préparatoire, école d’ingénieurs, universités ?) Pourquoi avez-vous choisi ce parcours académique et ces institutions ?
J’ai eu un bac français, scientifique spécialité mathématiques. Il y a un lycée français à Alger où je vivais à l’époque mais j’étudiais dans un autre lycée. Cependant, le lycée français permet à quiconque de passer le bac français, il suffit de s’inscrire en tant que candidat libre. J’ai fait l’université, d’abord une L1 en Maths à l’Université de Sciences et Technologies d’Alger et en parallèle ma licence à l’UPMC par correspondance. À partir de la L2, j’ai suivi le parcours à distance à l’UPMC qui est très réputé. De plus en plus, je me dirigeais vers des études en France. J’envisageais de travailler en France et c’est pour cela qu’il est préférable d’avoir un diplôme français. Par ailleurs, le programme de l’UPMC était vraiment solide donc j’ai voulu le suivre.
4) Vers quoi les étudiants se dirigent-ils en majorité après leurs études en maths ?
Aujourd’hui, ce qui est très courant, c’est de faire des statistiques ou du big data car il y a beaucoup d’opportunités dans ces domaines. Dans ma filaire – analyse numérique – il y a beaucoup d’entreprises qui recrutent des chercheurs en maths et en physique, mais aussi en maths-info. On peut également s’orienter dans la recherche en rejoignant un centre de recherche ou une université.
5) Y a-t-il beaucoup de perspectives pour travailler à l’étranger après des études en maths ?
Oui. Ce qui est le plus valorisé à l’étranger, c’est d’avoir un doctorat contrairement en France où ce n’est pas aussi bien reconnu qu’à l’étranger. Un diplôme d’ingénieur est largement suffisant pour rejoindre certaines entreprises.
6) Quels conseils donneriez-vous à un étudiant désireux d’intégrer une université de maths ?
Déjà, je lui dirais qu’il est très courageux parce qu’on ne sait pas forcément dans quoi on embarque quand on commence un Master en Maths. Je lui dirais aussi de bien suivre ses premiers cours, surtout en licence car on y apprend vraiment les bases. Il est vrai que pendant ces trois premières années, on nous introduit sans contextualisation plein d’outils dont l’utilité ne semble pas tout de suite évidente. Ils sont pourtant des outils indispensables. Il vaut mieux profiter de ces premières années pour bien comprendre les concepts de base même s’ils peuvent paraître abstraits, car après pour faire des maths appliquées, on en aura besoin tout au long de sa carrière. En ce qui concerne la formation des étudiants, il faut admettre qu’en France, ce sont surtout les classes préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE) qui sont très valorisées, mais on peut également intégrer une Grande École directement après une licence sans être passé par la prépa. Si on souhaite intégrer une école d’ingénieur, je recommanderais de suivre ses premières années d’études d’abord à l’université puis tenter les concours. Je conseille particulièrement les formations de l’ENS, l’ENSTA, l’UPMC et l’École Polytechnique de Paris ou le concours de l’Agrégation pour ceux qui souhaitent devenir des enseignants en maths au niveau lycée ou universitaire.
7) Pourquoi avoir choisi de travailler en France ?
Déjà je parle français et je connais pas mal d’éléments de la culture française qui m’ont permis d’avoir une intégration parfaite dans ce beau pays. J’avais également de la famille proche à Paris donc je pensais que ce serait mieux de partir à l’étranger mais dans une ville où j’avais quand même quelques repères pour ne pas être complétement seule. La France est un pays qui offre beaucoup d’opportunités au niveau social, professionnel et académique. La vie culturelle, qui est très active, m’a aussi attiré. Enfin, Paris était la ville francophone la plus proche de chez moi. Enfin c’est un pays qui m’a permis d’approfondir mes connaissances en maths parce que la qualité de l’enseignement y est excellente.
8) Et entre la France et l’Algérie, quelles sont différences remarquées ?
Pour commencer, la recherche en maths en dehors de l’université n’est pas très développée en Algérie. La seule voie professionnelle en maths est l’enseignement car il n’y pas d’opportunités de recherche dans des entreprises. Cependant, en France, c’est bien plus développé. Ce qui m’a attiré en France, c’était les projets existants qui lient les maths à l’industrie. Pendant ma formation, j’ai eu plein d’intervenants qui venaient nous expliquer toutes ces opportunités. Cela n’existe pas en Algérie.
9) Pensez-vous rester à long-terme en France ?
Oui même si je ne sais pas encore dans quelle ville. Je pense qu’après ma thèse, je chercherai un poste de Maître de Conférences dans une université ou dans un Centre de Recherche, ce qui m’emmènera sans doute dans une autre ville que Paris. Quoi qu’il en soit, je sais que je veux rester en France.
10) En quoi consiste votre métier actuellement ?
Je suis à la fois dans un laboratoire de recherche en maths au sein d’une université et dans une entreprise industrielle. Ma thèse consiste à appliquer les idées de mon directeur de thèse dans un logiciel développé par l’industriel. Le but est d’analyser si l’on peut améliorer les performances de ce logiciel. Au début, il y a eu une période pendant laquelle je lisais beaucoup d’articles pour comprendre ce qui avait déjà été utilisé dans ce logiciel et pour comprendre la nouvelle méthode que je voulais appliquer. Maintenant, le travail est moins théorique et j’agis. J’applique ma méthode au logiciel ce qui est plutôt en lien avec l’informatique. Il y a de nombreuses erreurs à corriger constamment et une analyse détaillée des résultats obtenus est nécessaire. Il y a également un travail en parallèle qui ne concerne pas le logiciel mais qui sert à analyser ma méthode toute seule d’un point de vue théorique. Pour conclure, il y a un côté pratique avec l’informatique et une partie théorique en maths et les deux m’intéressent énormément.
11) Quelles sont les qualités requises pour devenir chercheuse en maths ?
Il faut être curieux, rigoureux et communicatif pour être en contact avec des chercheurs. La motivation est aussi importante et il faut beaucoup interagir avec ses pairs pour confronter ses idées avec les leurs. La patience est également importante tout comme la capacité à savoir se remettre en question.
12) Quels conseils donneriez-vous aux jeunes pour devenir chercheurs en maths ?
Je leur dirais que le plus important est de bien s’entendre avec ses encadrants et de s’accorder avec leur façon de travailler.
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