Devenir Traducteur
Par Christophe-
Publié le : 11/07/2012
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Lecture 8 min
1) Bonjour Christophe. Pourriez-vous vous présenter ?
Je me prénomme Christophe. Je suis un commercial export. Je parle le Mandarin avec mes collègues de travail, mais aussi pour discuter avec des gens de la rue ou pour déjouer les pièges administratifs. Je me sens comme chez moi en CHINE. Mon premier voyage au pays du MILIEU remonte à plus de 10 ans. A l’époque, le Chinois était considéré comme une langue difficile et donc rare alors qu’en réalité, il n’est pas plus difficile qu’une autre langue, telle que le Russe, l’Allemand, voire même le Français. C’est là un regrettable préjugé qu’il faut combattre.
A la fin de mes études à l’Inalco, j’ai fait un an de stage dans une entreprise internationale dans une petite ville d’un million d’habitants. Ce n’est qu’au bout de 6 mois seulement que j’ai rencontré un Français, un compatriote. Ce fut une excellente occasion pour bien apprendre une langue étrangère.
C’est alors que j’ai pu être recruté en CDI dès mon retour en France. Je suis nommé chef de projet commercial chargé d’accompagner les clients européens dans la sélection des produits à « sourcer » en CHINE, autrement dit à lancer sur le marché chinois. Mes interlocuteurs sont des ingénieurs qui me parlaient de « poinçonnage », tests de sécurité…C’est là un langage peu familier pour moi et pour lequel je dois chercher à décoder. Incontestablement, ce langage est beaucoup plus complexe que le Chinois.
Par la suite, l’entreprise m’a envoyé à MOSCOU pour y ouvrir un bureau. Là, je suis resté 5 ans. J’ai ainsi pu apprendre aussi le RUSSE.
Aujourd’hui, je suis revenu à SHANGHAI. Je peux me targuer d’être quadrilingue.
2) Pouvez-vous nous parler des métiers de traducteur et d’interprète ?
Pour qui veut travailler dans les langues et l’International, les secteurs d’insertion sont nombreux. Au-delà de l’enseignement, de la traduction et de l’interprétariat, cela va de l’industrie jusqu’aux organisations internationales … avec des opportunités en particulier du côté des échanges commerciaux avec l’étranger, du tourisme, l’hôtellerie ou encore des services aux entreprises. Face à cette diversité, les étudiants devront choisir. La concurrence étant réelle et rude, il est certain que les seules connaissances linguistiques ne suffisent pas.
Le contexte devient favorable pour les traducteurs et interprètes. Les frontières tombent, les échanges mondiaux s’intensifient, un contexte favorable donc pour les linguistes. Cela concerne tous les domaines : commercial, technique, culture, diplomatique. Il en résulte que les diplômés en langue n’ont pas trop de soucis à se faire, leur taux d’insertion avoisinant celui des autres disciplines selon l’APEC (environ 90 %), à la seule condition de ne pas se cantonner à l’enseignement qui absorbe moins de 10 % d’entre-deux. Des langues à privilégier ? Cela dépendra du poste visé. En tout cas, il faut savoir que l’Anglais reste indétrônable et incontournable.
Le traducteur et l’interprète, l’un travaille à l’écrit, l’autre à l’oral, mais les deux métiers demandent un quasi bilinguisme. Traducteur et interprète doivent naviguer d’une langue à une autre en restituant fidèlement un message et un état d’esprit. Outre qu’il faut maîtriser deux ou plusieurs langues étrangères, il faut aussi savoir parfaitement maîtriser en premier lieu sa langue maternelle, c’est-à-dire rédiger et s’exprimer parfaitement. Les milieux de la traduction et de l’interprétation sont des milieux très fermés. En France, ils ne sont que 8 000 à en vivre. Des opportunités existent cependant du côté des organismes internationaux, mais c’est encore le domaine de la traduction technique qui offre encore le plus de débouchés.
3) Pouvez-vous nous présenter les différents métiers du traducteur et de l’interprète ?
Traducteur technique, traducteur littéraire, traducteur expert près des tribunaux et des cours d’appel… quelque soit le secteur, le traducteur fait le lien entre des personnes qui ne lisent pas la même langue.
– Traducteur technique :
Spécialisé, le traducteur technique doit connaître parfaitement les domaines dont il s’occupe, maîtriser tout le vocabulaire et se tenir au courant des évolutions. La traduction technique est celle qui offre le plus de postes, les spécialités les plus porteuses étant le médical, le juridique et l’électronique. Avec l’internationalisation des échanges, les besoins se multiplient. Les entreprises qui travaillent à l’international, les grands organismes scientifiques, les laboratoires médicaux, les compagnies d’assurances et les avocats sont directement concernés. Si l’Anglais reste la langue la plus couramment traduite, de nouvelles langues émergent, notamment le chinois, le russe, l’arabe. Par ailleurs, de nouveaux métiers voient le jour avec l’explosion des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), sous-titrage, doublage, traduction de SMS, traductions de sites Web… Sur Internet, par exemple, le traducteur technique traduit bien évidemment, mais il intègre également dans sa prestation une part de traitement informatique qui exige des compétences spécifiques. Beaucoup de traducteurs travaillent en indépendant. D’autres travaillent dans des entreprises privées.
Salaire mensuel brut : 2 000 euros environ.
Formation : diplôme de traducteur ou master pro en traduction + formation dans un domaine spécifique.
– Traducteur littéraire :
Souvent ce sont des professeurs, journalistes, écrivains. Ils pratiquent la traduction en plus de leur activité principale. Le traducteur littéraire travaille surtout dans l’Edition. Il s’engage par contrat signé avec un éditeur à traduire un ouvrage destiné à être publié, joué ou diffusé (pièce de théâtre) ; il peut s’agir aussi d’un texte littéraire an sens strict (roman ou poésie) ou un ouvrage pratique (livre de cuisine, guide..). Les traducteurs littéraires peuvent également traduire dans la Presse ; ils ont dans ce cas une formation de journalisme et sont généralement salariés dans une agence de Presse.
Salaire : rémunération à la page (entre 30 euros et 60 euros pour 1 500 signes), soit 1 400 euros à 2 500 euros par mois.
Formation : les traducteurs débutent souvent sans formation, mais il existe plusieurs masters pro en traduction littéraire.
– Traducteur audio-visuel :
Spécialisé dans une langue, le traducteur audio-visuel intervient au cinéma ou à la télévision. Il commence par visionner le film pour en traduire les dialogues et les commentaires. Trois méthodes sont utilisées : le voice-over (doubler le discours d’une personne simultanément), le sous-titrage (traduire les dialogues en texte inscrit dans l’image) et le doublage (traduire les dialogues d’un film pour qu’ils soient lus et joués par des comédiens).
Salaire mensuel brut :
très variable selon la production et la renommée du traducteur.
Formation :
Master pro en traduction audio-visuelle.
– Traducteur dans la fonction publique :
Des opportunités existent dans la fonction publique d’Etat et les organismes internationaux (Ministères, Nation-Unies, Union Européenne). Dans la Fonction Publique, les traductions concernent principalement des documents juridiques, économiques et diplomatiques. Les traducteurs doivent donc non seulement avoir des compétences linguistiques, mais aussi une bonne connaissance des Administrations Françaises et internationales, du Droit, de l’Economie.
Salaire mensuel brut : 1 500 euros à 3 000 euros
Formation : recrutement sur concours de niveau Bac + 3 ou +4
– Traducteur expert judiciaire :
Il assiste la justice dans son travail. Il traduit des documents à produire et effectue des missions d’expertise. Il se prononce sur le sens précis d’un texte, sur la qualité d’une traduction. Il peut avoir des fonctions d’interprète au cours d’une audience ou d’une instruction. Il est nommé par l’Autorité judiciaire pour 5 ans renouvelables. L’exercice de ce métier exige de bonnes connaissances en Droit, en Economie ou dans une autre spécialité.
– Interprètes :
Les interprètent effectuent la traduction orale de discours, débats, conférences, négociation professionnelles. Au sommet de la pyramide se situe l’interprétariat de conférences.
– Interprètes de conférence :
L’interprète ne se contente pas de maîtriser parfaitement deux langues ou plus. Avant chaque intervention, il doit acquérir le vocabulaire technique et comprendre les enjeux du débat qu’il aura à traduire. L’interprète peut travailler en « consécutive ». Il écoute un discours, prend des notes, puis les transcrit après coup dans la langue voulue. Mais le plus souvent, il travaille en simultané, il traduit le discours en même temps que l’orateur s’exprime (en conférence ou en direct à la télévision par exemple). Cet exercice est très difficile ; il exige une intense concentration. Par ailleurs, décrypter le non-dit, transposer une astuce linguistique ou une plaisanterie dans des domaines divers demandent des qualités et des connaissances très sûres. L’interprète doit faire preuve d’agilité d’esprit, de résistance au stress et d’une grande culture générale.
On compte environ 1 500 interprètes en France. Sous l’égide des organisations internationales, les deux tiers d’entre-deux travaillent en free-lance. Ils sont généralement engagés au coup par coup pour la durée de la conférence et sont rémunérés à la journée. D’autres sont salariés dans un organisme international. Ceux-ci sont alors recrutés par concours.
Salaire mensuel brut : 500 euros à 900 euros par jour + défraiement), les journées de préparation ne comptent pas.
Formation : diplôme de l’ESIT (Ecole Supérieure d’Interprète et de Traduction), ou de l’ISIT (Institut Supérieur d’Interprétariat et de Traduction), Master Pro (Bac + 5).
– Interprète de liaison :
Cet interprète ne pratique que la traduction consécutive dans le cadre de voyages d’affaires, de réunions de travail ou de négociations commerciales devant un nombre réduit d’interlocuteurs. Les Administrations, les associations et organismes humanitaires ont de plus en plus recours à ce mode d’interprétariat dans le cadre de leurs activités. L’interprète de liaison traduit au rythme et à la fréquence que souhaite l’orateur. Il intervient à la demi-journée ou à la journée, sur site ou par système de téléconférence ou encore par téléphone.
Salaire mensuel brut : 1 700 euros à 2 000 euros.
Formation : Diplôme d’école d’interprétariat, master pro en interprétariat ou en traduction.
– Interprètes en langue de signes :
Il permet aux déficients auditifs d’accéder à l’information, à la culture et à la formation. Ils peuvent intervenir pour l’interprétation de cours dans l’enseignement secondaire, universitaire et professionnel, de conférences et de manifestations à caractère culturel.
Salaire brut mensuel : 1 398 euros
Formation : master pro spécialisé en langue de signes, diplôme de l’ESIT.
– Terminologue :
Le terminologue est un linguiste spécialiste du langage et non un traducteur au sens strict. Spécialiste du vocabulaire technique et scientifique, il a la charge de trouver des termes désignant de nouveaux produits dont le nom initial est formulé en langue étrangère. On lui doit par exemple des termes comme « baladeur », « script ». Le terminologue prépare des dossiers thématiques pour les traducteurs. Il réalise son travail à partir des notices, des brevets et de la Presse professionnelle.
La plupart des terminologues travaillent dans les organismes internationaux, les agences de traduction et les entreprises industrielles, notamment dans les secteurs technologiques de pointe qui nécessitent le traitement de nombreux textes techniques : électronique, informatique, aéronautique, armement, nucléaire.
Salaire mensuel brut : 1 800 euros.
Formation : Formation initiale en traduction (ESIT ou ISIT), master en langue, spécialité terminologie.
Guide conférencier :
Le métier de guide conférencier remplace par un décret de 2011 les 4 professions qui assurent jusqu’à présent la conduite des visites commentées, guide interprète régional, guide international, guide conférence des villes et pays d’art et d’histoire, conférencier national. Le guide conférencier est chargé de l’accueil des touristes français et étrangers pour des visites de monuments, musées, sites historiques… Chaque visite nécessite une préparation poussée pour pouvoir répondre à des questions parfois très pointues : recherche et lecture d’ouvrages, appropriation de plans et d’itinéraires. C’est aussi un travail de relation publique avec les responsables, ou propriétaires des sites pour obtenir les autorisations nécessaires. Le plus souvent, les guides conférenciers sont saisonniers, ce qui les contraint à trouver une activité complémentaire durant les périodes creuses. La fonction peut s’exercer aussi bien dans le cadre d’entreprises de tourisme (agences de voyages, offices de tourisme) que d’organismes culturels (musées, châteaux).
Salaire : 140 à 185 euros par jour pour un salarié, de 260 à 280 euros par jour pour un indépendant.
Formation : Suite au nouveau décret, l’examen national de conférencier national et les examens régionaux de guide interprète régional et de guide conférenciers des villes et pays d’art et d’histoire sont supprimés au profit de la mise en place d’une formation jusque là assurée par université. Une carte professionnelle est délivrée aux personnes titulaires d’une certification que sanctionne une formation au moins de niveau licence.
4) Pouvez-vous nous donner quelques informations concernant les écoles d’interprètes et de traduction ?
– ESIT (Ecole Supérieure d’Interprètes et de Traductions) : c’est une école universitaire qui forme depuis 1957 des traducteurs et interprètes de renommée internationale. Largement ouvert sur le monde professionnel, elle est accessible aux titulaires d’une licence, quelque soit la spécialité.
– Université de Strasbourg.( Institut de Traducteurs, d’ Interprètes et de Relations Internationales ) : il accueille chaque année environ 250 étudiants de 25 nationalités différentes et fait appel à plus d’une centaine d’intervenants professionnels. L’Institut s’appuie sur de nombreux partenaires locaux, nationaux et européens (ville de Strasbourg, région d’Alsace, Conseil de l’Europe, Union Européenne, Ambassade de France). Le recrutement est de niveau Bac + 3. La première année est sanctionnée par un diplôme d’université (traduction professionnelle, initiation à l’interprétation, relation, interne, euro-culture) qui prépare les étudiants à la 2ème année de Master.
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