Devenir Proviseur
Par Alain-
Publié le : 05/02/2019
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Lecture 4 min
On est mobile dans une certaine région mais si l'on veut prétendre à des postes importants, il faut être prêt à bouger au niveau national
1) Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Alain Dani, je suis à la retraite depuis 2 ans et auparavant, j’ai dirigé des établissements scolaires : collège, lycée, lycée professionnel pendant plus de 30 ans.
2) Quel parcours vous a amené à faire ce métier ?
J’ai commencé ma vie de salarié comme surveillant d’internat. Puis, très attiré par l’animation, j’ai passé le concours de Conseiller principal d’éducation (CPE). J’ai obtenu mon premier poste à Paris où j’ai passé 3 ans avant de revenir à Nice. Là, après quelques années de fonction, j’ai eu envie de diriger un établissement donc j’ai passé le concours de Personnel de direction. J’ai été adjoint pendant 3 ans dans un lycée professionnel à Annecy. Je suis devenu Proviseur dans un petit lycée professionnel à Digne et en cours d’année, j’ai été appelé à diriger la cité scolaire Paul Arène (de la 6ème à la terminale + lycée professionnel) de Sisteron et je suis bien reconnaissant à l’administration de m’avoir fait confiance. J’ai terminé ma carrière comme proviseur au lycée Auguste Renoir de Cagnes-sur-mer.
Pour passer le concours de Conseiller principal d’éducation il faut avoir une licence ou une maitrise. Moi j’avais une licence et une maitrise d’anglais.
3) Quelles sont les étapes pour arriver au métier de proviseur ?
On ne peut devenir proviseur qu’après avoir exercé les fonctions d’enseignant ou d’encadrement ou de CPE pendant au moins 5 ans. En fait il faut connaître la culture de l’Éducation nationale avant de pouvoir prétendre à la direction ; connaître tout l’environnement éducatif du système qui est particulièrement complexe.
Pour devenir proviseur, on commence toujours par la fonction d’adjoint en collège, en lycée ou en lycée professionnel. Ensuite, en principe, on devient principal et en fin de carrière (mais ça dépend des individus et des compétences) on devient proviseur de lycée ou cité scolaire. Rares sont les cas où l’on passe d’adjoint de collège ou de lycée professionnel à proviseur de lycée général et technologique.
4) Pourquoi ce choix de personnel de direction ?
Jeune, j’avais envie d’être dans l’animation, au contact des jeunes et puis très rapidement, je me suis aperçu en étant CPE de l’importance pour un chef d’établissement d’être ouvert, rigoureux et au contact des enseignants et du personnel.
5) Qu’en est-il du salaire ?
Le salaire dépend de la fonction : adjoint ou chef.
Le salaire est proportionnel à la taille de l’établissement (il y a 5 catégories d’établissements) puisque les responsabilités ne sont pas les mêmes en fonction de la catégorie à laquelle appartient ce dernier.
6) Est ce qu’on peut effectuer toute sa carrière dans le même établissement ?
Non, et je pense que c’est une bonne chose. Au début des années 2000, notre syndicat de proviseurs, SNPDEN-UNSA (dont j’étais un cadre dirigeant), a négocié avec le Ministère une augmentation de salaire, en contre partie de quoi on a introduit la Clause de mobilité. Cela revient à dire qu’un Personnel de direction quel qu’il soit doit être en poste minimum 3 ans et maximum 9 ans.
Autrement dit, il faut être mobile car on ne peut plus diriger le même établissement pendant 20 ans (sauf pour le dernier poste, lorsqu’on arrive à 56/57 ans, on peut rester + de 9 ans au même endroit).
7) Par quoi était motivée cette mesure ?
Nous nous sommes aperçus avec notre syndicat qui regroupe plus de 80% des personnels de direction (environ 9000 adhérents sur 13 000 personnels de direction) qu’au bout de quelques années, un personnel de direction n’apporte plus rien à l’établissement et a un regard déformé par la force des habitudes.
8) Comment est ce que l’on vit cette mobilité ?
C’est un problème au niveau familial puisqu’il faut être mobile géographiquement et pouvoir concilier vie professionnelle et familiale.
On est mobile dans une certaine région mais si l’on veut prétendre à des postes importants, il faut être prêt à bouger au niveau national. Cependant nous ne sommes pas contraints et forcés d’aller à tel ou tel endroit. Par exemple, après 9 ans à Sisteron, l’inspecteur d’académie m’a demandé d’ effectuer de faire des vœux de mutation ; j’ai donc demandé à retourner à Nice pour y retrouver mon environnement familial et satisfaction m’a été donnée.
On a droit à 10 voeux qui doivent être assez ouverts et non focalisés sur un endroit. Il s’agit soit de 10 villes, soit de 10 postes, soit de 10 départements, c’est assez vaste.
9) Est-il difficile d’être chef d’établissement ?
Oui parce que statistiquement, il y a plus d’adjoints que de chefs. Il y a des lycées où il y a 2 adjoints donc certains ne deviendront pas chefs (cela convient à certains d’entre eux).
Mais c’est vrai qu’obtenir un poste de personnel de direction de lycée, c’est difficile puisqu’il y a plus de lycées que de lycées professionnels et de collèges en France et généralement tous les principaux veulent devenir proviseurs même si le salaire est le même.
10) Est ce que c’est plus difficile pour une femme d’être chef d’établissement ?
Oui, à cause des contraintes familiales. En effet, dans mon dernier poste j’étais sur le pont de 7h30 à 19h-20h tous les soirs donc si on a des enfants c’est un peu compliqué à moins d’être dans un petit collège, auquel cas il n’y a pas de réunion tous les soirs.
11) Quel conseil donneriez vous à un jeune qui veut faire ce métier ? D’abord il faut devenir enseignant ou CPE.
Cependant je pense que les choses vont évoluer parce qu’on s’aperçoit qu’on peut être un très bon enseignant et un mauvais chef d’établissement ; il ne s’agit pas là du même savoir-faire et des mêmes compétences. J’espère et je pense que dans le cadre de la modernisation de la fonction publique, l’importance d’acquérir des qualités manageriales qu’aujourd’hui l’Education nationale n’inculque pas complètement, sera prise en compte. Des gens venant du privé pourraient aussi passer 2 ou 3 ans comme adjoint pour s’imprégner de la culture de l’Éducation nationale et constituer des profils nouveaux et apporter un regard neuf sur le fonctionnement de l’Éducation nationale.
12) Le mot pour la fin ?
C’est un métier passionnant et il faut avoir des convictions et savoir les faire partager.
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