Devenir Sophrologue
Par Stéphane-
Publié le : 07/06/2017
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Lecture 6 min
" Il n’y a pas la division corps et esprit, on accueille les choses comme elles se manifestent, pour ce qu’elles sont, c’est très différent du parcours médical qui lui au contraire est cartésien "
1) Bonjour Stéphane, peux tu nous définir ce qu’est la sophrologie ?
C’est une science qui étudie la conscience humaine, un ensemble de méthodes et techniques de méditation physico-corporel qui ont pour but de renforcer et dynamiser les ressources physiques et psychologiques dont nous disposons tous, notre composante affective et physique.
2) Peux tu nous dire comment tu es arrivée à la sophrologie ?
J’ai tout d’abord commencé par un BEP sanitaire et social qui m’a amené vers des études d’aide soignante. J’ai passé le concours d’admission à l’école puis une année de formation contenant de la théorie et des stages.
J’ai ensuite intégré rapidement et sans difficulté un poste d’aide soignante. J’ai exercé ce métier durant 18 ans dans différentes structures ; hôpitaux publics et privés – hôpital de jour en dialyse ainsi que des cliniques privées pour adultes. J’ai intégré des services très différents – de la réanimation à la gériatrie, avec des populations très hétérogènes et donc des modes de prise en charge très différents.
Au bout de ces nombreuses années je me suis rendue compte que cette prise en charge manquait de quelque chose. On basait tout sur le corps, le physiologique, au détriment de la personne dans son entièreté et sa globalité.
Du coup pour moi la prise en charge était tronquée et donc à mon sens n’était pas aussi efficace qu’elle aurait pu l’être. Avec une prise en charge plus approfondie, sans pour autant renoncer au physiologique qui est bien sûr important, mais l’aspect psychologique de la personne l’est tout aussi.
La sophrologie m’a intéressée en ce sens car les deux sont vraiment liées. Il n’y a pas la division corps et esprit, on accueille les choses comme elles se manifestent, pour ce qu’elles sont, c’est très différent du parcours médical qui lui au contraire est cartésien. On se base sur des faits, du scientifique, car la sophrologie est aussi une école scientifique qui s’appuie sur les neurosciences, mais qui considère aussi l’humain. C’est donc cette dimension profondément humaine qui me faisait défaut.
Il y a la violence du milieu professionnel médical qui m’a aussi poussé à m’engager dans cette voie là. Dans un premier temps pour moi, afin d’apprendre à gérer le flot d’images brutales, des comportements violents… ce sentiment d’impuissance qui est violent lui aussi. Il y a plein de façon d’être violent à l’hôpital, d’assister à de la violence physique et verbale, j’ai donc pensé que la sophrologie serait intéressante pour canaliser ce que cela pouvait induire chez moi et aussi aider les autres à trouver les clés pour sortir de cette continuité agressive. Les techniques de méditations m’intéressaient déjà auparavant et dans la pratique de la sophrologie, il y a des exercices qui sont tirés du yoga, des techniques respiratoires et j’aimais bien cette façon de prendre le temps de respirer profondément… Cela a été un ensemble de rencontres aussi.
3) N’aurais tu pas pu te former en sophrologie tout en restant aide soignante ?
Non parce que c’est un milieu où je ne veux plus évoluer, j’y ai consacré 18 ans de ma vie que je ne regrette pas car cela m’a certainement permis d’arriver là où j’en suis maintenant. Mais J’avais envie de prendre de la distance avec ce milieu qui me demandait trop d’énergie et qui finissait par me coûter. Il y a aussi eu des évènements personnels qui ont pesé sur mon choix.
4) Ton expérience du milieu médical t’a t-il aidé dans les apprentissages théoriques de la sophrologie ?
Oui au niveau du fonctionnement physiologique. Mais en école d’aide soignante on n’a pas vraiment d’apport en psycho, à moins d’avoir fait des stages en psychiatrie ce qui a été mon cas et j’ai effectivement pu assister à des entretiens patients/psy où l’on m’expliquait ensuite certains mécanismes. J’ai donc eu des notions par ma carrière.
5) As-tu trouvé une réponse adaptée lors de ta recherche sur cette discipline ? Qu’est ce qui t’a manqué dans les outils proposés ?
Il y’a en effet beaucoup de lacunes dans la documentation sur ce métier. Comme je m’y intéressais depuis un certains temps j’avais donc quelques notions, mais construire un dossier solide pour une prise en charge de formation avec des éléments concrets est très compliqué car très éparses…
Et puis il y’a plusieurs façons de pratiquer la sophrologie, il y a deux courants majeures, donc faire le tri dans toutes ces informations n’est pas évident. La fiche Rome qui est consacrée à cette profession est très évasive et très peu représentative de la profession. La sophrologie est classée dans le bien-être et cela va quand même au delà. C’est donc très réducteur si l’on n’a pas la curiosité d’aller chercher en amont. Le risque c’est de se faire une idée généraliste et surtout très fausse car on peut être déstabilisé quand on arrive en formation face au contenu.
Il y a aussi beaucoup de centres de formations plus ou moins sérieux, mais aussi reconnus et titrés, car la formation bénéficie d’un titre certifié RNCP de niveau III.
Le tri n’est donc pas facile sans accompagnement, il faut prendre le temps et être vigilant afin de ne pas se tromper de formation.
6) Quels sont les pré-requis pour entrer en formation ?
Cela dépend des écoles, mais en général il faut avoir un niveau bac. Pour ma part, j’ai eu un entretien avec la directrice de l’école et malgré le fait que je n’avais pas le bac, mon cursus professionnel a joué en ma faveur.
7) Comment s’organise-t-elle ? Sur quel rythme et sur combien d’années ?
Dans mon école, cela s’organise sur 2 ans. Nous avons 18 séminaires d’une durée de 2 jours chacun, au rythme d’un séminaire par mois à chaque fois sur un thème particulier, dirigé par différents intervenants avec à la fois de la théorie et de la pratique.
Il y a aussi des ateliers organisés le soir plusieurs fois par semaine, libres d’accès, où l’on se focalise sur la pratique et qui sont très importants car il permettent de valider son titre RNCP. Il est demandé dans la formation d’avoir suivi 36h d’atelier étalées sur ces deux années en sachant qu’à la fin de la première année il y a un examen qui permet de la valider. Cela permet de voir si les enseignements on été bien intégrés avec la possibilité de refaire même en 2ème année les séminaires qui n’ont pas été bien assimilés.
La seconde année est sanctionnée d’une part par un examen ainsi qu’une une thèse à présenter face à un jury sur le thème de notre choix. Il y a également un mémoire à préparer en relation avec un stage que nous devons effectuer dans un cabinet de sophrologue d’une durée de 36h et qui est aussi obligatoire pour la validation du titre.
8) Comment fais-tu pour passer des connaissances acquises à la pratique ?
Les ateliers sont importants car ils permettent d’intégrer la théorie qui, elle, permet d’apprendre comment se déroule une séance, mais les vivre permet de mieux les intégrer. La pratique est vraiment indissociable pour acquérir des connaissances car c’est un domaine qui ne peut pas être appris que dans des manuels scolaires. Il y a donc une grand travail de régularité dans la pratique.
9) Quels ont été pour toi les obstacles majeures puisqu’il s’agissait dans ton cas d’une reconversion, et ensuite les plus grandes difficultés rencontrées lors cette formation?
Ma reconversion n’a pas posé de difficulté car j’ai bien été accompagnée. Le choix de l’organisme n’a par contre pas été simple par rapport au coût, aux nombres d’heures, au contenu aussi, donc c’est très variable. Il faut faire le tri dans toutes ces infos afin ne pas se tromper, ce qui n’est pas simple.
Puis il y a aussi le manque d’informations sur la profession.
10) Quels sont les aptitudes à avoir ?
Elles sont nombreuses ! Si je dois faire un résumé je dirais : l’empathie, le discernement, l’humilité, l’adaptabilité, la créativité, la bienveillance, l’ouverture d’esprit et avoir des connaissances en psychologie qui me semble être un bagage nécessaire afin d’avoir une bonne appréhension des choses, des gens et faire preuve de discernement.
11) Suite à ta formation quels sont les domaines d’application où tu peux exercer ?
Ils sont très variés. Cela peut être en groupe dans le domaine de l’entreprise afin d’intervenir notamment au niveau du stress. Cela peut être aussi en individuel pour de la relaxation pure, comme des techniques de préparation à l’accouchement, préparation aux examens ou encore une intervention chirurgicale. On peut l’utiliser dans le traitement des phobies, des troubles anxieux par des techniques bien spécifiques. On peut aussi avoir comme public des enfants car cela peut être tout à fait indiqué pour structurer le schéma corporel. On peut aussi intervenir dans la gestion de la douleur, le développement personnel avec l’affirmation de soi, pour des personnes souffrant de phobies sociales. On peut travailler en pluridisciplinaire notamment avec les kiné, dans la rééducation suite par exemple à une amputation et entamer un travail d’acceptation. Il y a donc énormément de champs différents. Pour conclure on pourrait dire que la sophrologie peut donc s’adapter à tous les publics et à toutes les situations. Par contre il y a des personnes avec lesquelles il est contre-indiqué de pratiquer s’il n’y a pas tout d’abord une prise en charge psychiatrique notamment les psychotiques, mais on peut travailler en amont.
11) Et les perspectives d’évolution ?
On peut faire par la suite des formations complémentaires afin de se spécialiser dans des domaines particuliers, comme la sophro-analyse, qui comporte un versent analytique et demande des techniques bien particulières et donc une formation spécifique.
12) Si tu devais refaire le chemin à l’envers y’aurait t’il des choses que tu ferais différemment ?
Absolument rien !
13) Dernière question, quels seraient les conseils que tu donnerais à une personne qui envisagerait de se réorienter dans le domaine de la sophrologie ?
L’introspection est la première phase. Elle permet de trouver ses motivations profondes, de se poser les bonnes questions. Il faut éviter la complaisance afin de ne pas se réorienter vers un domaine qui finalement ne nous correspond pas, juste parce qu’il faut changer car il y a alors de grandes chances que des difficultés se mettent en place lors de la formation. C’est donc une bonne chose de se faire accompagner par un professionnel pour faire un bilan. Ce fut le cas pour moi et cela a été très bénéfique. J’ai pu me poser les bonnes questions, poser aussi les bonnes questions aux écoles. J’ai pu me préparer aux entretiens, savoir me mettre en valeur, et faire ressortir des connaissances sur lesquelles je n’arrivais pas à mettre de mots. Tout cela m’a aidé à affiner mon projet professionnel.
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