Nicolas Petit, COO de Microsoft
Par Nicolas Petit-
Publié le : 07/04/2015
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Lecture 5 min
Microsoft recrute chaque année des Jeunes Diplômés talentueux et la différence entre deux candidats se fait sur celui ou celle qui sait communiquer sa passion
1) Parcours académique
a) Bonjour Monsieur Petit. Pourriez-vous vous présenter succinctement ?
Bonjour. Je m’appelle Nicolas Petit, j’ai 38 ans. J’ai débuté ma carrière à l’international, aux Etats-Unis chez Thomsom Multimedia puis à Londres en tant que Consultant en Stratégie chez Arthur D. Little. J’ai été embauché 5 ans plus tard par un client pour lequel j’avais travaillé, Microsoft. J’y suis maintenant depuis 10 ans et j’occupe depuis plus de 3 ans le poste de COO (ndlr : Chief Operating Officer) et CMO (ie : Chief Marketing Officer).
b) Vous avez suivi de nombreuses formations (classes préparatoires en littérature à Louis Le Grand, Licence d’Histoire, Sciences Po Paris et HEC). Quel a été le fil directeur de vos études ?
C’est assez « français » de rechercher un fil directeur très structurant sur un CV. En fait, j’ai plutôt eu – sans le savoir – une approche anglo-saxonne : j’ai été plus guidé par la curiosité et l’envie de découvrir de nouvelles choses, que de me spécialiser dans une fonction précise trop tôt.
c) Pourquoi avoir choisi de faire HEC après Sciences-Po ? Qu’est-ce que cela a apporté de plus à un parcours déjà brillant et bien rempli ?
J’étais diplômé de Sciences Po section Service Public. La suite logique, c’était de passer le concours de l’ENA. Néanmoins, j’ai beaucoup hésité avec la voie qu’offrait les écoles de commerce, car elle était très complémentaire avec Sciences Po.
Finalement, j’ai passé les concours d’école de commerce et j’ai eu l’opportunité d’intégrer HEC. Cette formation m’a beaucoup apporté, que ce soit au niveau des méthodes d’enseignement ou des opportunités de stage.
Une fois diplômé et surtout après de nombreux stages, je me suis rendu compte que la voie de la haute fonction publique n’était peut-être pas celle qui correspondait le mieux, ni à mes envies d’international, ni à mon caractère. J’ai donc privilégié un début de carrière dans une entreprise internationale en débutant à New York par le biais d’un stage.
d) Aviez-vous déjà une idée (aussi vague soit-elle) du métier que vous vouliez exercer plus tard ?
Non, pas du tout. Quand j’étais plus jeune, je voulais devenir astrophysicien, mais j’avais également une véritable passion pour les lettres (littérature, histoire, …). Je me suis laissé guider par mon envie et mes passions, mais en veillant à toujours être plongé dans des environnements universitaires exigeants.
Une fois mes études terminées et le choix du secteur privé validé, j’ai débuté en tant que Consultant en Stratégie. Le choix du Conseil permettait de ne pas se fermer de portes et d’acquérir de solides méthodes de travail.
2) Directeur Général (COO) chez Microsoft
a) En quoi consiste votre métier ?
C’est une bonne question ! Mon rôle consiste à gérer nos « business groups » (les divisions produits comme Windows, le Cloud ou Office par exemple), d’orchestrer les différentes activités opérationnelles de Microsoft en France et de définir et mettre en œuvre notre stratégie marketing à la fois sur le marché grand public et celui des entreprises.
J’essaye de faire en sorte que les bonnes ressources soient allouées au bon endroit au bon moment et surtout, que les bonnes personnes y soient.
Je suis également en charge de piloter notre exécution business, c’est-à-dire la bonne atteinte de nos résultats et indicateurs clés…
Mon poste couvre un spectre très large de fonctions. Comme un chef d’orchestre, j’essaye de m’assurer que toutes les parties prenantes sont bien coordonnées, et d’articuler les objectifs du court terme avec ceux du long terme.
b) Vous semblez avoir plus un profil littéraire qu’ingénieur. Pourquoi avoir fait le choix de travailler dans une boîte d’ingénieurs ?
En France, nous conservons une culture universitaire assez élitiste qui trouve souvent ses limites : pour certains postes, on ne recrute que parmi les très grandes écoles d’ingénieur et de commerce. Dans les entreprises américaines, notamment celles de la high-tech, c’est assez différent. Ce qui prime, c’est ce que vous savez faire et ce que vous avez démontré de manière pratique, plutôt que le diplôme au sens strict. Dans mon métier de consultant, j’avais par exemple des collègues britanniques qui occupaient le même poste que moi alors qu’ils avaient fait des études de philosophie ou d’histoire de l’art, ce qui a priori en France, seraient disqualifiantes pour occuper ce type de poste. Au final, ce n’est pas tant le nom du diplôme ou le nom de le l’école qui prévaut, ce sont les compétences développées et les résultats obtenus. 80% de la vie en entreprise repose sur le bon sens, la capacité à dire clairement ce qu’on va faire, à avoir une approche pragmatique des choses et à travailler en équipe. Ne pas être ingénieur n’est donc pas du tout un handicap, à part bien évidemment si le poste requiert des capacités techniques évidentes (le développement logiciel par exemple).
c) Combien d’heures travaillez-vous en moyenne par semaine ? Travaillez-vous le week-end ?
Probablement autour de 50h par semaine. Parfois moins, parfois plus. Une chose est sûre, je ne travaille jamais le week-end ou le soir et je pars 3 fois par semaine à 18h30 pour pouvoir m’occuper de ma fille. Mon épouse a également une vie professionnelle intense et il m’est essentiel d’équilibrer vie privée et vie professionnelle. J’ai la chance de travailler dans une entreprise qui est exemplaire sur ce sujet et qui laisse à chacun l’opportunité de s’organiser selon son rythme personnel. Néanmoins, cela nécessite pour moi d’être extrêmement productif dans la journée et d’avoir une capacité élevée à la gestion en multitâches. Nous fonctionnons sur une obligation de résultats, pas une obligation de moyens et la culture du « je reste tard sinon on va croire que je ne fais rien » est fort heureusement étrangère à notre mode de fonctionnement.
d) Aviez-vous un plan de carrière pour devenir COO ? De manière générale, conseilleriez-vous aux étudiants de se définir un plan de carrière ?
Je n’avais pas du tout de plan de carrière. Quand je suis entré chez Microsoft, j’ai commencé en bas de la hiérarchie et je crois sincèrement que cela a été une véritable chance. Cela m’a permis de comprendre notre activité au plus près de nos clients. Par la suite, j’ai pu rapidement évoluer sur des fonctions managériales. Microsoft est une entreprise qui offre beaucoup d’opportunités de carrière, indépendamment de votre âge. L’évolution interne est essentiellement fondée sur la méritocratie et mon évolution s’est faite sur le succès des postes précédents. Ma carrière est, je m’en rends compte avec l’expérience, avant tout liée aux rencontres que j’ai faites et à la qualité de mes managers successifs qui m’ont fait confiance.
e) On dit souvent que l’évolution dans une grande entreprise est difficile et longue, particulièrement dans les postes de Direction. Quels conseils donneriez-vous aux étudiants pour être promus dans une grande entreprise ?
Déjà, tout dépend de la culture de l’entreprise dans laquelle on est. Pour ma part, chez Microsoft, on incite à penser différemment, à prendre des risques calculés et à satisfaire les clients plutôt que son supérieur direct. Il faut garder à l’esprit qu’en tant que jeune diplômé, tout est possible et qu’il existe une grande diversité de postes chez Microsoft. Le meilleur moyen pour savoir si on est à la hauteur d’un poste, c’est d’oser se lancer !
Ensuite, il faut apprendre et ne pas hésiter à sortir de sa zone de confort, qu’importe son poste. Par exemple, on attache beaucoup d’importance à nos stagiaires chez Microsoft, c’est pourquoi nous essayons de leur donner de véritables responsabilités et d’être attentifs à la qualité de leur encadrement. Nous sommes loin d’être parfaits mais nous avons eu l’heureuse surprise d’être élue entreprise préférée des stagiaires en France par Le Figaro il y a 2 ans.
Enfin, il faut être curieux et ouvert : qu’importe d’où on vient, qu’importe son parcours, la vie des affaires repose avant tout sur l’intelligence pratique, le bon sens et la capacité à s’entourer des bonnes personnes pour constituer des équipes efficaces. Je pense qu’on m’a fait confiance car j’ai su construire des équipes prêtes à travailler avec moi et non pour moi.
f) Avec du recul, y a-t-il des choses que vous feriez différemment ?
Oui, j’irai au bout de ma maîtrise d’histoire (rire).
g) Merci de votre interview. Je vous laisse le mot de la fin.
Microsoft recrute chaque année des Jeunes Diplômés talentueux et la différence entre deux candidats se fait sur celui ou celle qui sait communiquer sa passion et a su démontrer en entretien des compétences de collaboration, de leadership, d’esprit pratique qui souvent s’apprennent à travers des activités associatives ou privées plutôt que sur les bancs de l’école.
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